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Breizatao. Le chemin de l’indépendance à l’espagnole vu par la presse canadienne. 05.12.2013

BREIZATAO – ETREBROADEL (05/12/2013) L’actualité des dernières semaines a mis au jour une accélération du tournant indépendantiste amorcé en Catalogne il y a quelques années. Conséquence de l’incapacité de renouveler le modèle autonomique espagnol sur des bases réellement fédérales, attentives aux besoins de ses nations constituantes, ce tournant semble de moins en moins réversible.

D’abord, la coalition gouvernementale, formée des socialistes (PSC), écosocialistes (ICV-EUiA) et républicains de gauche (ERC), au pouvoir de 2003 à 2010, a voulu doter la Catalogne d’un nouveau statut d’autonomie pour élargir son autonomie politique et fiscale et restreindre les empiétements de Madrid dans sa législation. Le reste de l’histoire est déjà connu : à l’encontre de l’appui du Parlement espagnol et de l’assentiment plébiscitaire de la population catalane (oui : 73,9 %), le Parti populaire (PP), maintenant au pouvoir à Madrid, déposait avant même son entrée en vigueur (août 2006) un recours pour inconstitutionnalité contre le nouveau statut.

Avec pour résultat la réinterprétation de 27 articles et l’invalidation de 14 autres, dont la désignation de la Catalogne comme nation et le statut préférentiel accordé à la langue catalane dans l’administration, les médias et l’éducation.

Devant cet échec, le nouveau gouvernement catalan de Convergence et Union (CiU -centre droit), s’est engagé après sa victoire électorale de 2010 à renégocier le partage des ressources fiscales avec l’État central dans le but de juguler l’immense déficit fiscal de la Catalogne (16 milliards d’euros par an), maintenant la région la plus endettée d’Espagne avec 44 milliards d’euros en 2012 (22 % de son PIB).

Au lendemain de la fin de non-recevoir opposée par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, le président catalan, Artur Mas, a annoncé le 25 septembre dernier des élections anticipées qui se feront sur la question de l’indépendance. Deux jours plus tard, le Parlement catalan, par une majorité de 84 voix sur 131, votait une résolution pour la tenue d’un référendum sur l’autodétermination de la Catalogne durant la prochaine législature.

Longtemps confiné à l’ERC, l’indépendantisme a fait son chemin dans la société civile catalane, mais également dans les autres formations politiques. Le soutien à l’indépendance a dépassé pour la première fois la barrière psychologique des 50 % en décembre 2009 (50,3 %, selon un sondage de l’Université ouverte de Catalogne), soit en pleine période d’exaspération populaire en réaction au détricotage constitutionnel du Statut d’autonomie.

Entre 2009 et 2011, des acteurs de la société civile ont mis sur pied des référendums consultatifs sur l’indépendance dans 532 villes catalanes, où 92 % des gens ont voté pour l’indépendance avec un taux de participation moyen de 20 %. À ceci s’ajoute la mise sur pied en 2011 d’une Assemblée nationale de Catalogne qui souhaite regrouper des indépendantistes sur une base individuelle pour conscientiser et mobiliser une majorité de la population.

La manifestation du 11 septembre dernier à Barcelone, où plus d’un million et demi de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer la souveraineté, a été rendue possible grâce aux intenses efforts de coordination de la société civile.

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